I. Taxes et frais (zakat)
L’Etat dit « islamique » (EI) a imposé des redevances sur l’ensemble des boutiques de la ville de Deir el-Zor, ainsi que sur les restaurants, les cafés et autres.
Ces taxes portent un nom, Zakat, et ne représentent pas un montant fixe donné à l’avance, mais sont déterminées par les collecteurs musulmans (formés par Daesh) qui ont le pouvoir de définir le montant des bénéfices, et par conséquent d’estimer la Zakat qui s’y rattache.
Selon les comptes de certains commerçants et des conducteurs de camions, les douaniers islamiques demandent aux voitures chargées de nourriture de payer des frais d’entrée dans les zones sous l’autorité de L’EI. Et obligent donc les conducteurs de ces camions à augmenter les prix de leurs marchandises afin de compenser la perte subie à l’entrée, ce qui limite le nombre de consommateurs, et endommage la vie des plus pauvres, qui n’ont plus accès à la nourriture.
Ainsi, l’EI qui imposait autrefois des taxes indirectes sur les personnes en question, impose à présent des impôts directs sous la forme de Zakat.
II. Les conflits et les schismes internes
Nous avons remarqué de manière significative l’augmentation de la fréquence des désertions dans les rangs de l’EI particulièrement au niveau des « amirs ». Nous citons quelques-uns ci-dessous, qui ont fuit la Syrie depuis janvier 2015 :
• Fuite de l’amir chargé du Zakat (taxe islamique développée précédemment) Abu Obeida Al-Masri, emportant avec lui un montant s’élevant à un milliard de livres syriennes vers une destination inconnue.
• Fuite de l’amir Abu Abdullah Al-Iraqi, chargé des champs de pétrole, avec lui douze personnes ainsi que la somme de 250 millions de livres syriennes.
• Fuite de l’amir comptable de nationalité koweïtienne qui fut par la suite arrêté dans les champs Ville et condamné à mort.
• Fuite de l’amir de la justice de nationalité saoudienne.
• L’amir chargé de la sécurité, de nationalité saoudienne, a été assassiné par les « immigrés » (personne n’étant pas originaire de Deir el-Zor), après avoir torturé l’un d’entre eux.
• Arrestation du juge islamique de l’EI, Abu Darda, de nationalité syrienne.
III. Émergence de groupes anti-EI
Après une augmentation des conflits au sein même des rangs de l’organisation de l’EI, des cellules d’opposition jusque là inactives ont commencé à s’activer.
En voici la liste non-exhaustive :
• Black-Orient
• White Shroud
• Snipers Aldawaesh
• Bataillon Alkuatm
• Bataillon « défenseurs de la justice »
• Bataillon « martyrs de ville »
Les membres de ces rebellions focalisent leurs attaques aux frontières de l’organisation de l’EI, suivant la stratégie de « hit-and-run ». Mais également en installant des engins explosifs à proximité des lieux occupés par l’organisation, et les déclenchant à distance. À l’aide de fusils, d’armes modernes ou de pistolets silencieux, les rebelles organisent des attaques contres les amirs. Il est à noter que ces bataillons utilisent également la propagande en vandalisant les lieux publics en inscrivant leurs noms et des slogans anti-EI.
IIII. Comité consultatif législatif venant d’Irak
Nous avons appris de sources fiables souhaitant garder l’anonymat, qu’un comité de haut niveau venu d’Irak s’est rendu Deir El-Zor. Les membres de ce dernier ont rencontré les princes brièvement en toute discrétion à la campagne.
Ce comité a une fonction législative au sein de l’EI.
Les sources ont confirmé que la présence du comité était le résultat de l’avènement des dernières divisions dans les rangs de l’organisation de l’EI. Il tente de mettre à jour les causes de ces différents afin d’y remédier.
Le comité demande aux princes de l’organisation d’être plus tolérants envers les civils, afin d’éviter les conflits et les débordements.
Il est à noter que cela est la première fois qu’un comité de ce genre s’installe à Deir el-Zor, selon les analyses de spécialistes à cet égard, l’organisation se retire peu à peu d’Irak suites aux pertes importantes, en ne gardant que certaines régions militaires et administratives ; son intention finale est de faire de la Syrie son centre militaire majeur.
Un certain nombre d’amirs assurent cependant que la Syrie ne pourra pas répondre aux besoins financiers et militaires de l’organisation de l’EI.
V. Assouplissement de la politique de l’EI
Sous les directives législatives suprême du comité, l’organisation a mis en place de nouvelles décisions, qui éviteront toute sorte de conflits avec les civils. Cependant, ces lois ne sont toujours pas appliquées, y compris :
• Annulation du droit de regard de la police islamique sur la comptabilité.
• Diminution des répressions faites aux femmes à cause de leurs tenues.
• Baisse significative des impôts.
VI. Secteur des services
L’EI autorise le conseil local, l’équivalant de la mairie, à reprendre ses fonctions, mais avec plusieurs conditions à respecter, tout d’abord en renommant le conseil local en « Bureau de services ».
Le bureau travail particulièrement sur la mise en place d’ateliers et sur l’entretien de la ville (électricité, eau, santé et hygiène). Il emploie à ce titre la jeunesse de la ville de Deir el-Zor, leurs salaires variant de 9000 à 20 000 livres syriennes.
Les superviseurs sur ces ateliers sont des immigrants, leurs salaires varient entre 150-200 $, et ils n’ont aucun lien avec le bureau de service ; leurs fonctions sont limitées eu renforcement de la surveillance et du contrôle. Ils s’occupent de la gestion, du travail et s’assurent des efforts des travailleurs (qui sont eux issus de la ville de Deir El-Zor) qui risquent leur vie afin de gagner une faible quantité d’argent.
L’organisation désigne également des « délégués de quartier », leurs rôles étant de faciliter la vie des civils et leur donner les approbations requises ; leur travail est limité aux domaines civils et administratifs. Ceci est n’appliquée qu’au camp Mukhtar.
VII. Secteur de l’éducation
L’organisation a publié un décret permettant la réouverture des écoles, tout en respectant les conditions suivantes :
• Changement de programme.
• Séparation des institutrices et des instituteurs.
• Suppression de la mixité filles/garçons.
• Il est interdit aux non-enseignants ayant suivi la séance d’apprentissage réglementaire, d’enseigner dans les écoles.
• Changement des jours de week-end, de vendredi/samedi à jeudi/vendredi.
• Les enseignants travaillent sans compensation financière.
• Il est interdit aux filles de continuer les niveaux académiques après la sixième année.
• Les garçons, après la sixième année, ne pourront continuer que dans la science médico-légale.
• Suppression de ces matières :
Anglais
Le Français
La philosophie
Éducation sociale nationale
• Abolition de la devise Républicaine syrienne.
VIII. Élimination
Le gouvernement forme un bureau, qui, après l’acquittement d’un accusé prouvé innocent, donne le droit à ce dernier de porter plainte contre celui ayant fait une fausse accusation.
Cela est valable également contre des membres de l’EI ayant interpelé des individus sans autorisation. Le bureau décidera de la suite à donner à cette plainte, et décide de la peine encouru par le procureur si l’accusé a été acquitté, et il est utile de mentionner ici que ce système est hautement corruptible : lorsque l’un des amirs de l’organisation est cible de la poursuite, le bureau donne à la partie accusatrice une importante somme d’argent. En échange, le bureau abandonne les sanctions qui devraient être imposées envers l’amir.
IX. Secteur du pétrole
L’EI suit la même approche que celle imposée par le gouvernement, qui est de séparer le budget accordé au pétrole du budget général, qui lui permet de contrôler tous les puits de pétrole et de gaz dans la ville de Deir ez-Zor et ses environs. L’amir des champs de pétrole recrute des personnes afin de gérer ces derniers.
L’administration de ces champs pétroliers coûte une somme d’argent incommensurable : un million livres syriennes par jour pour le champ « Abu Hamam ».
L’EI le transporte tous les jours des réservoirs de gaz de pétrole en Irak afin de les vendre.
Le pétrole est une des sources de revenus les plus importantes de l’organisation ce qui l’enrichit énormément ainsi les Nations Unies prenne la décision « 2170 » qui vise à priver l’EI du pétrole afin d’assurer l’assèchement de leur ressource financière principale.
Cependant l’organisation a le contrôle de toutes les ressources en gaz à Deir el-Zor et sa campagne.
Il reste à noter que l’EI augmentent les prix de ses ressources dans les zones libérées.
• 1 litre de diesel 125 LS
• 1 litre de kérosène 165 LS
• 1 bouteille de gaz 4500 LS
Dans les zones contrôlées par l’EI à Deir el-Zor, ces chiffres doubles.
X. Cour économique
L’EI essaye de provoquer de la population dans les zones contrôlées, en remplaçant l’ancienne monnaie, en billets, par des pièces. Ces devises (pièces en argent – pièces en or) éliminent l’ancienne, à présent, seuls les dollars et cette nouvelle monnaie sont acceptés. Cette nouvelle devise fonctionne aussi bien dans les banques de l’EI qu’en Irak.
L’EI a également prit de nouvelles décisions afin de contrôler l’économie, notamment :
• L’interdiction aux cuisines, gratuites pour la population, d’acheter des fruits et des légumes si l’achat ne se fait pas à travers l’EI.
• L’interdiction de travailler avec des organisations civiles et la fermeture des centres de secours. Ces organisations reçoivent une l’aide financière en dollars de l’extérieur, et aident donc indirectement l’économie de la ville en finançant le marché local.
L’économie est donc sous contrôle de l’EI à travers des décisions stratégiques et indirectes.
Les zones libérées, quant à elles, souffrent de l’inflation au niveau des prix et du manque de possibilités d’emploi, ce qui ce répercute négativement sur la vie des habitants.
XI. sporadiques décisions et étranges
• L’EI essaie d’estomper le patrimoine de la ville en changeant les noms des places publiques, par exemple :
Quartier Jubaila: quartier moudjahidin.
Souk ‘’takaya’’: souk Al Tawhid.
• Dégradation livres d’éducations destinées à la jeunesse, sous prétexte de les préserver du contrôle du système.
• Interdiction de la circulation zones entre contrôlées et libres, sauf si l’intention est de poursuivre des études ou de recevoir un salaire.
• Interdiction aux civils de traverser le seul pont qui mène à la ville libérée.
• Les cafés sont sous la surveillance de quelques membres de l’EI, qui empêchent les femmes d’y rentrer.
XII. Arrestations et exécutions
Récemment, on observe une augmentation d’arrestations d’anciens membres de l’armée libre, et de toute personne soupçonnée de faire partie d’une cellule d’opposition « dormante » ou active.
Ainsi on compte également une augmentation du nombre des exécutions ; en raison d’apostasie.
De mi-Décembre 2014 à la fin de Janvier 2015, une à trois personnes sont exécutées tous les jours.